En 1925, Hemingway prit une décision que changerait sa vie. Cette année-là, les fêtes de San Fermín lui offrirent un ensemble d’histoires entrecroisées et de personnages qui le poussèrent à écrire son premier grand roman, « The Sun Also Rises ». 1925 marqua un avant et un après pour Hemingway, sans retour. Cette année-là, le groupe d’amis et d’amies photographia en détail les fêtes de San Fermín : Géants, Grosses Têtes, foule, zaldikos, encierro, taureaux, peñas, rues, places et toutes leurs excursions dans la Région de Pampelune.
Un album détaillé de souvenirs également reflétés dans les pages de « The Sun Also Rises ». On dirait que les photographies prises de Pampelune ont permis de capturer les images instantanées qui se reproduisent dans le roman. Hemingway savait qu’une part de son bonheur résidait dans cette petite ville.
Après les Sanfermines de 1925, Ernest Hemingway décida d’écrire un nouveau roman. Le premier brouillon de « The Sun Also Rises » lui prit deux mois. Entre le 13 juillet et le 15 septembre 1925, il le compléta entre ses voyages à Madrid, Valence, Saint-Sébastien, Hendaye et Paris. Dans « Paris est une fête », Hemingway racontait qu’il avait voyagé avec son épouse Hadley à Schruns (Autriche) pour rédiger la première moitié du manuscrit. Après avoir contacté son ami (et également écrivain) Scott Fitzgerald, il finit le roman en janvier 1926 puis il voyagea à New York pour le présenter à la maison d’édition. De retour à Schruns, il finit de revoir le livre pour le remettre en avril 1926. La maison d’édition Scribner’s publia le roman le 22 octobre 1926. Ce fut tout de suite un succès dans le monde culturel des États-Unis. « The Sun Also Rises » représente non seulement l’intégration de Pampelune dans la littérature universelle, mais également un tournant dans la littérature anglo-saxonne, en raison du langage simple et direct et de sa description rapide, détaillée et quasi-picturale.
En deux mois seulement, 7000 exemplaires avaient été vendus. Il y eut huit impressions en deux ans. En décembre 1927, le roman fut imprimé au Royaume-Uni sous le titre de « Fiesta ». Le roman fut édité pour la première fois en espagnol en Argentine en 1944 par l’éditeur Santiago Rueda. Ernest Hemingway devint peu à peu l’un des écrivains-journalistes les plus célèbres de son époque. Mais il fut capable de préserver la fidélité de ses amis tout au long de sa vie. L’un d’eux était Juanito Quintana, le propriétaire de l’hôtel Quintana (Montoya dans le roman), à qui il envoya un exemplaire de « The Sun Also Rises » en s’excusant s’il s’était senti offensé par son alter ego dans le roman. Juanito lui répondit avec la même gentillesse et faisant preuve d’une très grande reconnaissance.
QUI EST QUI DANS "THE SUN ALSO RAISES"
Bill Smith
C’était l’ami d'enfance d’Ernest Hemingway. En 1925, il vivait à Paris (où il fit ses premiers pas comme écrivain) et il rejoint le groupe légendaire qui voyagea à Pampelune pour les Sanfermines de cette année-là. Sa personnalité contribua également à la création du personnage de Bill Gorton dans le roman « Fiesta » qui, dans un voyage en bus de Pampelune à Burguete, exclama : « Ces Basques sont des gens merveilleux ! ». Il retourna aux États-Unis aux côtés de Harold Loeb, qui fit appel à lui pour rédiger des discours gouvernementaux, y compris pour le Président Truman en personne (1945-1953)..
Patrick Stirling Guthrie
Né en Écosse, son père Walter Murray Guthrie était banquier et politicien, et les gens disaient que sa mère avait une grande fortune. Marié puis divorcé, il rencontra Lady Twysden à Biarritz, alors qu’elle aussi venait de divorcer. Leur relation fut l’une des « love affairs » du Montparnasse de l’époque. Ils ne se marièrent jamais. C’était l’un des amis qui, en 1925, s’étaient rendus à Pampelune, ayant été mentionné par Hemingway dans « Fiesta », représenté par le personnage de Mike Campbell. Troublé par ses problèmes éternels d'argent et d’alcool, il se suicida en 1932.
Donald Ogden Stewart
30 novembre 1894 – 2 août 1980. Né à Colubus (Ohio), ce fut l’un des modèles de qui Hemingway s’inspira pour créer le personnage de Bill Gorton dans le roman « Fiesta ». Il rencontra Hemingway dans un restaurant de Saint-Louis et ils se rencontrèrent à nouveau à Paris en 1924. Il voyagea à Pampelune aux côtés de Hemingway en 1924 et en 1925. À cette époque-là, Stewart était l’un des écrivains satiriques les plus à la mode des États-Unis. En 1941, il reçut l’Oscar du meilleur scénariste pour le film « Indiscrétions » (Philadelphia story). Défenseur des droits civils, avec l’apparition du maccarthysme il fut classé dans « La liste noire ». En 1951 il s’exila à Londres, où il décéda en 1980.
Mary Duff Stirling, Lady Twysden
24 mai 1891 – 27 juin 1938. Personnage très célèbre dans la haute société britannique de l’époque, elle entra dans l’histoire pour avoir servi de modèle au personnage de Brett Ashley dans le roman « Fiesta. The Sun Also Rises », faisant partie du groupe d'amis qui voyagea à Pampelune avec Hemingway en 1925. Mariée trois fois, son deuxième époux fut le dixième Baron de Twysden, raison pour laquelle elle reçut le traitement de « Lady Twysden ». Elle décéda de tuberculose en 1938, à l’âge de quarante-cinq ans.
Harold Albert Loeb
1891–1974. Né à New York au sein d’une famille juive, sa mère Rose avait un lien de parenté avec les Guggenheim (Peggy Guggenheim, l’instigatrice des musées actuels, était sa cousine) et son père était un très grand banquier. Ce fut un personnage important des arts dans les années 1920, dans le cercle parisien des expatriés américains, où il rencontra Hemingway, avec qui il voyagea à Pampelune en 1925 aux côtés de sa fiancée à l’époque, Lady Twysden. Harold Loeb donna vie au personnage de Robert Cohn dans le roman « Fiesta ». Écrivain et éditeur, il publia également les œuvres de plusieurs auteurs importants, dont John Dos Passos. Marié trois fois et divorcé autant, Harold Albert Loeb décéda à Marrakech en 1974.